vendredi 4 octobre 2024

Quelles implications de l'usage du smartphone sur nous-même et notre société ?

Découvrez comment le smartphone a transformé nos vies. 

Nicolas Nova, dans son livre, explore les multiples facettes de notre relation avec ce petit objet omniprésent. 

Une enquête anthropologique pour mieux comprendre les enjeux de notre société numérique. 

D'autres autrices et auteurs ont étudié cette révolution numérique et nous propose aussi de ne pas nous laisser faire en exigeant visbilité et connaissance là où l'opacité nous instrumentalise.


Cette version approfondie vise à offrir une compréhension plus riche et à stimuler une réflexion critique chez le lecteur. Elle souligne l’importance du livre de Nova pour ceux qui s’intéressent aux implications des technologies dans notre vie quotidienne.


 Dans cet ouvrage, issu de sa thèse, Nicolas Nova mène une enquête socioanthropologique sur les modes d’usage du smartphone, en se concentrant sur trois métropoles : Los Angeles, Genève et Tokyo.

Il utilise six métaphores pour décrire les principaux modes d’existence et d’usage du smartphone : la “laisse”, la “prothèse”, le “miroir”, la “baguette magique”, le “cocon” et la "coquille vide".

Aucun outil, aucun appareil n'a jamais une adoption aussi rapide dans le monde entier ! Les conséquences sont très variées, multiples, énormes ! 


Allons-nous ouvrir une nième polémique sur les bienfaits et méfaits de smartphone sur chacun de nous ?

Ne serait-ce pas plus utile de dépasser les jugements de valeur et les "discussions de café" pour approfondir, mieux définir et réfléchir à quelles sont vraiment les implications de l'usage du smartphone sur nous-mêmes. 

Tout outil que nous manipulons (et quel outil est le smartphone !) nous transforme à notre tour, Leroi-Gourhan l'a montré depuis la taille du silex. 

Quelles transformations ? Quelles conséquences ? Comment les prendre en compte ?


Qui a travaillé sur les impacts des smartphones sur nous et sur la société dans laquelle nous vivons ?


Il faut beaucoup chercher pour trouver des articles sur le sujet apportant des réflexions plus approfondies que des dénonciations indignées ou, à l'inverse, des prosternations idylliques devant "les écrans" et les "nouvelles technologies".

Des publications les plus intéressantes : 

L’article de Denis Cristol "Le cerveau et les outils : une construction réciproque" explore le rapport réciproque entre le cerveau humain et les outils qu’il invente, et les conséquences sur son développement cognitif, social et culturel.

"Petite Poucette" le petit livre de Michel Serres où il écrit : " "Le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer".

Dans mon article : "L'outil numérique transforme tout autour de lui", je vous propose cette conférence certes longue (53:48), mais ô combien passionnante.
Épistémologue rigoureux, soucieux d'éducation et de diffusion du savoir, Michel Serres nous raconte que l'homme vit aujourd'hui la troisième révolution de son histoire. 

Dans son livre : "The game",  Alessandro Baricco nous décrit comment la révolution numérique a créé une véritable mutation de notre façon de penser et d'interagir avec le monde.

Les problèmes sont désormais envisagés comme des jeux à résoudre, et la vie elle-même est appréhendée comme une grande partie à gagner. 

Les implications de cette nouvelle ère numérique sont énormes sur nos sociétés, notamment en termes de relations sociales, de pouvoir et de manipulation de l'information.


Ce livre, facile à lire est une réflexion profonde sur la nature humaine à l'aube de cette nouvelle ère.


Enfin, LE livre dont je vais vous parler plus en détail :

“Smartphones, une enquête anthropologique” de Nicolas Nova (MétisPresses) où j'y ai trouvé les réponses les plus pertinentes.  

Il y mène une exploration approfondie de l’impact des smartphones sur la société moderne, issu de sa thèse.

Nicolas Nova est un professeur associé à la Haute École d’Art et de Design de Genève et un chercheur spécialisé dans l’anthropologie des techniques.


Trois contradictions étonnantes du smartphone


1 ère contradiction : le smartphone "individuel" et grouillant de vie et d'actions sociales

Le smartphone est "hyperpolyvalent" et "total" comme" le fait remarquer Dominique Cardon dans la préface de ce livre.
  • La polyvalence de ses services qui interagissent sur notre environnement et entre eux,
  • les multiples renseignements et mesures qui nous sont retournés à partir des capteurs de l'appareil ou des connaissances transmises par Internet renseignent et modifient le comportement du possesseur du smartphone, qui, à son tour, interagit en retour sur son environnement.
On voit que toutes ces interactions incessantes affectent dans un effet d'ensemble le rapport de soi au monde.

D'où la conclusion "il n'y a finalement rien de moins individuel que le téléphone portable".

Affirmation qui peut surprendre, car, pourtant, le smartphone lui-même est un outil individuel.

Mais toutes les interactions du smartphone le relient toujours plus aux autres, au monde, accroissent les interdépendances avec la vie collective et contractoirement "renforcent en chacun le sentiment d'une identité singulière".

2e contradiction : le smartphone tisse des réseaux sociaux comme jamais et provoque un sentiment d'isolement 

Les cercles sociaux au sein et au-delà des réseaux sociaux n'ont jamais été aussi étendus et les échanges aussi fréquents et continus.

Le "seul ensemble" de Sherry Turkle désigne l'isolement de chacun face à tous. ("Nous devenons des cyborgs")

Si cette dénonciation est pertinente, le livre de Nova fait surtout ressortir les "nouvelles formes de normalité, de prescription et de contraintes" (le fameux et si ancien "effet de groupe" multiplié à l'ère du numérique). 

3e contradiction : désinformation croissante ou l'heure de l'information partout 

Nous n'avons jamais eu autant de possibilités de tout savoir sur tout, facilement, quasiment instantanément.

Comment se fait-il que l'on parle autant de désinformation, de fakesnews ?

N'y-a-t-il pas d'autres raisons que "les moyens techniques" ?

Comment Nicolas Nova a mené son étude  


L'enquête a été menée à la croisée entre ethnologie et sociologie à partir de l'observation des usages, des interviews des usagers et enfin des concepteurs de smartphones.

Six facettes du smartphone sont apparues 

Ces "descripteurs", ces expressions, ont été produits par les interviewés eux-mêmes.

Ils aident à comprendre les différentes manières dont les gens interagissent avec leurs smartphones et les significations qu’ils leur attribuent. 

Par exemple, le smartphone en tant que “laisse” peut symboliser la manière dont il nous maintient connectés (et parfois enchaînés) à nos réseaux sociaux et obligations professionnelles. En tant que “prothèse”, il agit comme une extension de nos capacités physiques et cognitives1.

Nova aborde également les tensions et ambivalences que le smartphone introduit dans nos vies, comme la crise de l’attention et l’externalisation de fonctions cognitives1Le livre souligne le rôle crucial que joue le smartphone dans la reconfiguration de nos activités quotidiennes et l’évolution de nos cultures matérielles1.

En résumé, “Smartphones, une enquête anthropologique” offre une perspective riche et nuancée sur l’objet omniprésent qu’est le smartphone et son influence sur la société contemporaine.

 

Introduction

Le smartphone, cet appareil qui semble avoir conquis le monde en quelques années, est au cœur de l’ouvrage de Nicolas Nova. L’auteur nous invite à comprendre comment ce petit rectangle de technologie a bouleversé nos vies.

Nicolas Nova nous invite à explorer l’impact profond des smartphones sur notre société à travers son ouvrage “Smartphones, une enquête anthropologique”.

1: Les Métaphores du Smartphone

1.1: La Laisse électronique

La Laisse : Le smartphone nous relie constamment à nos obligations.

Le smartphone comme “laisse” illustre notre dépendance constante envers nos appareils. Par exemple, les notifications incessantes des e-mails professionnels nous rappellent que nous sommes toujours “en laisse”, liés à nos obligations.

Anecdote : Un entrepreneur vérifie compulsivement son smartphone lors d’un dîner familial, illustrant la difficulté de se déconnecter du travail.

Implications : Cette métaphore révèle comment le smartphone peut empiéter sur notre vie privée et perturber l’équilibre travail-vie personnelle.

Les différents profils de ceux tenus en "laisse" :

  1. les indifférents
  2. les esclaves
  3. les disciplinés
Les façons de fonctionner de la laisse :
  • "revenir dessus" (par ennui souvent)
  • remplissage des temps morts
  • pour évacuer le stress de la journée en survolant les nouvelles
  • ce qui peut aussi stresser
  • surveiller et suivre en étant sur le qui-vive (mobilisable) par les notifications
  • d'autres accessoires comme montres, bagues, multiplie les alertes
  •  adhésion à des systèmes de promotion commerciale
Les dangers et méfaits de la laisse :
  • surcharge informationnelle
  • captation de l'attention
  • dépendence aux sollicitations de certains réseaux sociaux
  • soumission à travers la laisse aux impératifs dictés par le smartphone

Reprendre le contrôle en prenant en main "la laisse"

  • les disciplinés fixent les règles suivant le temps, l'urgence, le lieu, les interlocuteurs 
  • ils programment alertes et notifications pour qu'elles respectent leurs règles
  • MAIS pour cela, il vaut mieux s'attaquer à la racine des injonctions que le smartphone ne fait que relayer mais dont l'origine est sociale-culturelle, aux normes dictées par notre environnement, au niveau d'attention et de disponibilité exigées. 
Pour reprendre la laisse en main, il faut savoir dire non, fixer ses limites, prendre ses propres décisions. 

1.2: La Prothèse Cognitive

La Prothèse : Le smartphone agit comme une extension de notre cerveau pour mémoriser et nous rappeler le bon moment.

En tant que “prothèse”, le smartphone étend nos capacités mentales. Il nous sert de mémoire externe pour les anniversaires, les rendez-vous, et même pour des tâches simples comme calculer un pourboire.

Les dangers et méfaits de la laisse :

Des chercheurs ont observé une diminution de la performance mémorielle chez les individus s’appuyant fortement sur leur smartphone pour des tâches cognitives.

Implications : Cette dépendance soulève des questions sur l’évolution de notre mémoire et de nos capacités intellectuelles.

Notre cerveau évolue avec des fonctions qui sont abandonnées et d'autres prennent leur place :

Déjà, Socate était convaincu que l'écriture tue la mémoire.Freud, dans "Malaise dans la civilisation", mettait en garde que, si les lunettes, le télescope, le téléphone, faisaient que l'homme "devenu une sorte de Dieu prothétique"... "avec ses organes auxiliaires, mais ceux-ci n'ont pas poussé avec lui et ils lui donnent encore à l'occasion bien du fil à retordre". 

Ce ne sont pas que de simples fonctions qui sont remplacées, mais l'équilibre psychique qui est dérangé et déplacé.

Un autre traumatisme est celui de ne pas comprendre les nouvelles prothèses. (La "boite noire"). Il est donc essentiel de faire un travail d'appropriation volontaire et conscient.

Les changements qu'amène l'usage de sa Prothèse Cognitive :

La Prothèse Cognitive amène d'incroyables possibilités nouvelles :
  • On peut annoter et archiver infiniment plus d'informations et de documents
  • On peut les partager gratuitement, que ce soit des documents, des films, des musiques, mais aussi des listes de course, des répertoires de contacts, des agendas...
  • On peut organiser des collectes, des itinéraires 
  • On peut définir des alertes quand tel ou tel évènement arrive dans la mémoire
Certaines mémoires sont ainsi partagées et définies en mode collaboratif. 

La Prothèse Cognitive exige de nouvelles compétences :
  • L'important n'est plus de mémoriser, mais devient maintenant de savoir où retrouver les choses
  • Savoir où on a stocké les infos et documents, mais savoir aussi où on peut les retrouver à l'extérieur de chez soi et de son matériel, par Internet
  • Savoir comment assurer leur mise à jour et leurs sauvegardes
Quels modes d'usage de la Prothèse Cognitive :
  1. les routiniers, majoritaires, mécanisent son usage à l'image de ce qu'ils faisaient "avant" avec papier et crayon. Ils sont nombreux a ressentir un sentiment de perte d'autonomie, de dépossession et d'intrusion dans leur vie privée lors de l'usage du Cloud.
  2. Ceux qui découvrent peu à peu les nouvelles possibilités, sont curieux et ont envie de les utiliser.
  3. Ceux qui refusent l'usage de la Prothèse Cognitive et gardent leurs agendas et répertoires papier en prétendant que leur façon de faire est plus rapide et pratique que les outils modernes. 

Reprendre le contrôle et redéfinir l'usage de sa Prothèse Cognitive :

  • est-ce une augmentation, une diminution ou une altération de la mémoire ? Au vu des arguments précédents, aucune réponse simple n'est pleinement satisfaisante.
  •  il s'agit d'une évolution combinée et parallèle, une "logique de coévolution sociotechnique" entre notre mémoire humaine et la Prothèse Cognitive
  • Face à la complexité du monde actuel et aux quantités d'informations à prendre en compte, on est obligé de reconnaitre la nécessité de moyens plus performants
  • Il parait évident qu'il faudra savoir les maitriser pour les mettre à notre service, les encadrer les éduquer à notre usage
Il s'agit moins de surestimer les "capacités de traitement de la machine que de faire comprendre le potentiel et les limites  . 

2: Le Smartphone, soi-même et la Société


2.1: Le Miroir 

Le miroir individuel : 

De l'appareil photo et ses selfies au podomètre en passant par les multiples données enregistrées par le smartphone ou ses auxiliaires (montres, bracelets, bagues, balances connectées, suivi du sommeil) nous est retourné un portrait qui intègre jusqu'aux signaux qui nous seraient imperceptibles sans les performances des capteurs de ces machines et de leur capacité de reconstituer un tableau de soi-même.

Ce "Miroir" donne aussi une image de soi comme un domaine de la vie à gérer, mieux se connaitre, se faire progresser avec une sorte de nouvelle idéologie gestionnaire, technologiquement équipée, être un entrepreneur de sa propre vie.

L'expression "calculer quelqu'un", dans le sens de le comprendre et d'en saisir ses intentions, n'est-elle pas révélatrice de ce que nous adoptons cette représentation à partir des données calculées ?

Ce miroir individuel est aussi utilisé comme faisait le reine-sorcière de l'histoire de Blanche-Neige : "miroir, mon beau miroir, dis-moi que je suis la plus belle". Et le modèle de beauté est à la fois dicté par les normes sociales et la rationalisation de ce qui est présenté comme l'idéal.

Le Miroir social : Le smartphone reflète notre identité sociale.

Le smartphone agit comme un “miroir” reflétant notre identité sociale. Les réseaux sociaux, par exemple, nous permettent de présenter une image de nous-mêmes que nous souhaitons que les autres voient.

Exemple : Un adolescent crée une version idéalisée de lui-même sur les réseaux sociaux, ce qui lui vaut à la fois admiration et pression psychologique.

Implications : Cette métaphore met en lumière les effets des smartphones sur notre image de soi et les dynamiques sociales.

Les diverses pratiques du Miroir

  1. la majorité des utilisateurs testent quelques semaines ou quelques mois, puis n'y voit plus l'intérêt
  2. une partie conséquences de ceux qui continuent à utiliser les applications et les mesures de performances le font soit dans une cadre d'entrainement sportif, soit pour surveiller et limiter des problèmes de santé
  3. enfin, certains soit ne voient plus "à quoi cela sert" soit garde des distances dans l'interprétation des résultats en donnant la priorité à leurs propres sensations corporelles
L'auteur de cette enquête, Nicolas Nova montre comment "l'usager modélisé" devient l'"usager modelé". 

"De l'usager modélisé...

Le modèle de l'utilisateur est créé par un profilage effectué sur la base des données disponibles. 
  • Profilage pour le ciblage commercial (le fameux : "quand c'est gratuit, c'est vous le produit)
  • Profilage pour améliorer et concevoir des outils les mieux adaptés 
Les dangers et méfaits de l'usager modélisé
  • Cela engendre un malaise de se sentir surveillé.
  • Les informations partagées sur les réseaux sociaux donnent aussi l'impression d'avoir les yeux de tous pointés sur vous
  • L'usager se sent dépossédé de ses propres caractéristiques comme, au début de la photo, on se sentait "voler son âme".

à l'usager modelé"

Mais cela va au-delà, car les données sont transmises à des applications à qui sont déléguées des décisions concernant notre propre comportement. 

Ces applications deviennent elles-mêmes de véritables assistants personnels. 

Choix de lieux à visiter, restaurants, rencontres à faire, musiques, films, ce qu'on doit manger ou éviter de consommer, livres ou articles à lire, nombre de pas et activité physique à faire, produits à acheter emploi du temps sur son agenda...etc

Prendre conscience du processus où "l'usager modélisé" devient l'"usager modelé". 
  1. Le miroir de soi sert à assister en donnant les meilleurs conseils au-delà de ce qu'on peut en déduire par soi-même
  2. Du tableau statistique de moins en moins consulté, ce sont les conseils de l'assistant qui met en place une autre logique 
  3. Les assistants peuvent maintenant :
    • dicter des actions comme le meilleur moment du réveil, se lever de la chaise toutes les 20 minutes
    • influencer et orienter des actions, des opinions, des discours
    • "prendre la main" et générer avec l'Intelligence Artificielle générative", des prises de rendez-vous, rédiger des réponses à vos mails, décisions et organisation de réunions
Ce qui était au début un miroir de soi devient un guide comportemental.

Les dangers et méfaits du miroir avec l'usager modelé :
  • "Comment ne pas craindre que les paramétrages, les données recueillies et le "raisonnement" calculé de façon opaque (sur lequel nous reviendrons plus loin dans "la baguette magique") et "ne piègent l'usager dans des circuits limitant sa propre autonomie ?" 

Reprendre le contrôle et redéfinir l'usage de son "Miroir"

L'autonomie computationnelle, c'est-à-dire la maitrise de l'usage de ses outils numériques passe par :
  1. "La prise de conscience et à 
  2. la connaissance de la logique de cadrage que mettent en place le smartphone et plus largement, les technologies numériques"
Pour que cette prise de conscience et cette connaissance de la logique de cadrage (c'est-à-dire des logiques de raisonnement des machines utilisées) soient possibles, "il faut que les appareils utilisés ne soient pas considérés comme une "boite noire" dont le fonctionnement est inexplicable ou opaque".

C'est précisément le thème du chapitre suivant : "La Baguette Magique" ou "déléguer à une boite noire.

2.2: La Baguette Magique du Quotidien

La Baguette Magique : Le smartphone nous permet de contrôler notre environnement.

En tant que “baguette magique”, le smartphone nous donne le pouvoir de contrôler notre environnement. Avec une simple pression, nous pouvons commander un repas, un taxi ou payer un transport en commun ou même allumer les lumières ou le chauffage de notre maison :c'est "magique" !

"Magique" dans le sens :

  1. émerveillement d'un évènement exceptionnel
  2. mais aussi surnaturel ou occulte !
Devant la "magie", la raison s'incline. On ne cherche plus à savoir comment cela marche, pourquoi on obtient tel résultat plutôt qu'un autre.

On se contente d'utiliser le résultat de l'appareil vu comme une boite noire.
Nous verrons que la boite noire a beaucoup d'inconvénients, contrairement à la connaissance du fonctionnement de l'appareil "boite transparente";

Les avantages d'une "boite transparente" = c'est permettre son usage pertinent

La transparence des fonctionnements permet de comprendre comment le résultat est élaboré et donc :
  • de savoir par quoi il peut altéré (ce qu'on appelle les "biais cognitifs"
  • pourquoi il peut se tromper en ignorant un élément du contexte
  • de le relativiser et le pondérer pour des choix humains que la machine ne peut percevoir (esthétiques, éthiques, sociaux, écologiques, économiques...)
Connaitre le fonctionnement et les limites d'un appareil permet aussi de l'utiliser dans son domaine de compétence et de ne pas y avoir recours parce qu'on sait qu'on dépasse ces limites.

J'ai toujours entendu les pessimistes énoncer toutes les raisons pour lesquelles :
  1. Ce n'est pas possible d'en connaitre autant qu'un spécialiste du métier, il vaut mieux faire confiance aux gens compétents qu'ils prennent les décisions pour nous.
  2. C'est comme ça et ce le sera toujours ! Ils sont les plus forts et font ce qu'ils veulent.
  3. Trop compliqué ! Comment et sur quels critères nos choix seraient pris en compte ?

1°) La connaissance du fonctionnement général d'une machine est toujours NÉCESSAIRE !

Oui. C'est vrai, vous ne connaitrez pas le détail des ressorts internes du matériel ou des logiciels d'un appareil. Mais est-ce pour autant que vous ne devriez pas connaitre les fonctionnements et les principes généraux ?

Vous faites construire votre maison. Considériez-vous comme normal que, sous prétexte de ses connaissances dans le domaine, l'architecte vus prive du choix du nombre de pièces et des configurations de votre futur logement ?

Vous allez devoir voter. Serait-ce normal qu'un potentiel élu décide qu'il fera ce qu'il voudra car c'est lui qui a les connaissances approfondies de la politique ???!!!

On est d'ailleurs là au coeur du sujet : permettre aux spécialistes de décider dans le secret ce que vous devriez savoir ce sont des abus et des confiscations de pouvoir.
On le paie très cher ensuite quand vous êtes conduit sur des voies que vous refuseriez, mais dont on vous affirme qu'il n'y en a pas d'autres !

2°) Les constructeurs peuvent prendre en compte nos avis... quand ils y sont obligés !

Les choix des constructeurs peuvent être remis en cause

Constatons d'abord pourquoi certaines décisions concernant les fonctionnements cachent (mal) des intérêts économiques qui rapportent énormément à leurs concepteurs qui :
  • profitent d'un marché fermé pour imposer des marges énormes à tout matériel et application tentant de se connecter ou fonctionner avec comme Apple pour les prises USB C ou le magasin d'application unique. Ces solutions propriétaires rapportent le plus souvent autour de 30 % protégées par leur situation de monopole.

  • profitent d'un renouvellement forcené des smartphones poussé par :
    • les opérateurs de téléphonie mobile qui proposent des renouvellements "avantageux" avec des systèmes de points et d'abonnements
    • les constructeurs qui ne facilitent pas le dépannage et ne proposent de mises à jour à durée réduite (ou, tout au moins, jusqu'à présent)
S'il faut reconnaitre que les importants progrès techniques ont, jusqu'à présent, donné envie d'avoir de nouveaux appareils capables de les suivre. 

Mais, les progrès continuent encore et ce sont des législations en Europe et des procès aux USA qui obligent les constructeurs à des changements qu'on vous nous faire croire impossibles avant, comme :
  • Batteries plus durables et remplaçables 
  • Prise standard USB C et chargeur universel
  • Fin du monopole de distribution des boutiques d'application
  • Réduction des déchets électroniques au profit du recyclage
  • En finir avec les applications natives non désinstallables
  • Réparabilité et pièces de rechange disponibles à prix raisonnables
  • Mise à jour assurée pendant une période plus longue
  • A venir (avec plus de difficulté) : l'interopérabilité des messageries 
Déjà, les constructeurs comme Google et Samsung ont annoncé des périodes de mise à jour de sécurité d'Android de 8 à 5 ans. (Elles étaient de 2 à 3 ans !).

Bien sûr, chacun présentera ces progrès comme venant de leur propre décision.
Alors que, sans la pression des utilisateurs individuels et surtout organisés (comme Que Choisir ? et les spécialistes techniques des médias), les choix des contructeurs privilégiaient le design et le renouvellement des appareils plutôt que ces mesures favorables à l'environnement et aux usagers.

3°) La connaissance du fonctionnement général d'une machine est toujours POSSIBLE !

Nous allons voir plus précisément que lorsque des spécialistes prétendent ne pas pouvoir s'expliquer sur leurs choix c'est le plus souvent qu'ils ne le veulent pas et que donc, ils n'ont fait aucun effort dans ce sens. 

Quels auteurs de livre ont prôné la transparence des algorithmes ?

Deux ouvrages d'Aurélie Jean offrent des perspectives fascinantes sur le rôle des algorithmes dans notre société moderne. Si vous êtes intéressé par les enjeux liés à l'intelligence artificielle et à la technologie, je vous recommande vivement de les lire !


Dans ce livre, Aurélie Jean nous entraîne au cœur de nos institutions juridiques et des algorithmes qui s'y exercent. 

  • Elle explore comment la loi est pensée et appliquée à l'ère des algorithmes.

  • L'auteure aborde également l'utilisation des algorithmes au sein du système judiciaire et se penche sur la question de leur régulation.

En somme, ce livre examine comment les algorithmes influencent nos vies et comment nous pouvons mieux les comprendre et les encadrer.


Aurélie Jean partage son aventure avec les algorithmes et raconte sa carrière.

  • Elle explore le monde des algorithmes, leur fonctionnement et leur omniprésence dans notre environnement contemporain.
  • L'auteure démystifie le pouvoir des algorithmes et explique comment ils relient le monde réel au monde virtuel.

En utilisant une approche pédagogique, elle nous guide à travers ce voyage en terre inconnue de la modélisation numérique.

De nombreux auteurs de livres ont prôné la transparence des algorithmes, soulignant leur impact croissant sur nos vies et la nécessité d'une compréhension et d'un contrôle accrus. 
Voici quelques exemples notables:

Judith Duportail : 

Journaliste et autrice, Duportail a publié "L'intelligence artificielle, mode d'emploi" (2020), qui offre un aperçu accessible du fonctionnement des algorithmes et de leurs implications éthiques et sociétales.
Judith Duportail explore dans son livre "L'amour sous algorithme" la manière dont les applications de rencontre, comme Tinder, utilisent des données personnelles pour classer secrètement les utilisateurs et influencer les rencontres amoureuses. Voici les points clés de son travail :

  • Découverte du "Elo Score : Duportail révèle que Tinder attribue une note de "désirabilité" à ses utilisateurs, influençant qui voit qui sur l'application.
  • Impact sur la société : Elle critique la façon dont l'application favorise des relations entre hommes plus âgés et mieux payés avec des femmes plus jeunes et moins rémunérées.
  • Enquête personnelle : Duportail mène une enquête approfondie, aidée par un hacker, un mathématicien et un avocat, pour comprendre les algorithmes et leur impact sur sa vie amoureuse.
  • Réflexion sur l'amour et la technologie : Le livre offre une perspective sur comment la technologie change notre conception de l'amour et de la séduction.

La lecture de ce livre peut être intéressante pour comprendre les implications éthiques et sociales des algorithmes dans nos vies quotidiennes, en particulier dans le domaine des relations interpersonnelles.

Thomas d'Arienzo: Philosophe et spécialiste de l'éthique des technologies, d'Arienzo a écrit "Algorithmes, la fabrique du consentement" (2017), qui analyse les mécanismes par lesquels les algorithmes peuvent influencer nos choix et nos comportements.

Auteurs internationaux:

Cathy O'Neil:

Scientifique des données et autrice, O'Neil a publié "Algorithmes - La bombe à retardement (ou Le manuel du citoyen du 21e siècle)" (2016), qui expose les biais et les injustices inhérents à de nombreux algorithmes utilisés dans des domaines tels que la justice pénale, l'éducation et le recrutement. 

Frank Pasquale :

Professeur de droit et auteur, Pasquale a écrit "The Black Box Society" (2015), qui explore les défis juridiques et sociétaux posés par les systèmes algorithmiques opaques.
Frank Pasquale, BLACK BOX SOCIETY, Les algorithmes secrets qui contrôlent l’économie et l’information Fyp Éditions, 2015 [trad. de l’américain par F. Devesa, P. Adams, L. Di Bisceglie], 320 p., 22,50 € Philippe Merlant  Dans Revue Projet 2016/2 (N° 351), page 92

Frank Pasquale a écrit "Black Box Society: Les algorithmes secrets qui contrôlent l'économie et l'information"**¹[1] ²[2] ³[3] ⁴[4]. 
Dans ce livre, il explore le monde obscur des algorithmes cachés qui influencent nos vies de manière significative. Voici les points clés de son travail :

Boîtes noires et manipulation algorithmique : 

Pasquale révèle comment des intérêts puissants, qu'ils soient privés ou gouvernementaux, abusent du secret commercial et tirent d'immenses profits de la manipulation algorithmique. Ces algorithmes cachés font ou défont les réputations, décident du destin des entreprises et servent des intérêts particuliers en s'abritant derrière le secret du code.
  • Transparence et société de la boîte noire : Face à l'urgence citoyenne et politique de réagir, Pasquale propose des méthodes pour apporter de la transparence à cette société de la boîte noire qui contrôle nos vies et conditionne notre futur.
  • Enjeux éthiques et économiques : Le livre soulève des questions essentielles sur la neutralité, la vie privée, les discriminations et les conséquences économiques de ces algorithmes secrets.

La lecture de "Black Box Society" peut aider à mieux comprendre les implications des algorithmes dans notre société moderne et à réfléchir sur la nécessité de régulations et de transparence

Ruha Benjamin:

  • Professeure de science politique et autrice, Benjamin a publié "Race in the Age of Technology" (2019), qui examine les intersections entre la race, la technologie et les algorithmes, et comment ces derniers peuvent perpétuer des inégalités raciales.
Il est important de noter que la liste ci-dessus n'est pas exhaustive et que de nombreux autres auteurs ont contribué au débat sur la transparence des algorithmes.
La recherche et la discussion sur ce sujet continuent d'évoluer, à mesure que nous comprenons mieux les implications profondes des algorithmes dans nos vies.
Ruha Benjamin est une sociologue et professeure au département d'études afro-américaines de l'université de Princeton. Son travail porte sur la relation entre innovation et équité, en se concentrant particulièrement sur l'intersection de la race, de la justice et de la technologie. Voici les points clés de son travail :

  • Concept du "New Jim Code": Elle développe son concept du "New Jim Code", qui fait référence au travail de Michelle Alexander, The New Jim Crow, pour analyser comment les algorithmes et applications, en apparence "neutres", peuvent reproduire ou exacerber les préjugés raciaux.
  • Livre "Race After Technology" : Ruha Benjamin est l'autrice de nombreuses publications, dont les livres People's Science: Bodies and Rights on the Stem Cell Frontier (2013), Race after Technology: Abolitionist Tools for the New Jim Code (2019) et Viral Justice: How We Grow the World We Want (2022).
  • Conférences et engagements : Elle est également une intellectuelle, ayant parlé à des conférences à travers le monde, comme au Comité des Nations Unies pour l'élimination de la discrimination raciale, au NAACP Legal Defence and Education Fund et lors d'un discours d'ouverture de l'AAAS en 2021.

La lecture de "Race After Technology" peut aider à mieux comprendre les implications des algorithmes dans notre société moderne et à réfléchir sur la nécessité de régulations et de transparence

    Plusieurs auteurs ont abordé la question de la transparence des algorithmes dans leurs travaux. 

    Voici quelques-uns qui ont contribué significativement à ce débat :

    Maël Pégny et Issam Ibnouhsein : 

    Dans leur article, ils explorent la notion de transparence des algorithmes, en distinguant les usages descriptifs et prescriptifs du concept.

    Maël Pégny et Issam Ibnouhsein ont écrit sur la transparence des algorithmes d'apprentissage machine. Leur travail explore les enjeux liés à la compréhension et à l'explication des algorithmes, en particulier dans le contexte de l'intelligence artificielle. 
    Voici un résumé de leurs contributions :

    1. "Quelle transparence pour les algorithmes d'apprentissage machine?" :

    • Ils distinguent deux familles d'usages fondamentaux du concept de transparence :
      • Descriptif : Portant sur des propriétés épistémiques intrinsèques des programmes, notamment l'intelligibilité et l'explicabilité.
      • Prescriptif : Concernant les propriétés normatives de leurs usages, comme la loyauté et l'équité.
    • L'intelligibilité est essentielle pour expliquer et auditer un algorithme.
    • Ils introduisent une distinction entre l'intelligibilité de la procédure et celle des sorties, en se concentrant sur l'apprentissage machine.


    2. "L'explicabilité de l'IA opaque comme moment dans l'histoire de la bureaucratie de personnalisation sans formalisation" :

    • Leur étude explore les justifications de la conception des algorithmes et l'horizon social d'attente à leur égard.
    • Ils examinent les concepts de la computer ethics pour comprendre le projet sociétal de l'IA.


    La lecture de leurs travaux permet de mieux saisir les défis liés à la transparence des algorithmes et à leur utilisation dans la société moderne.


    Danièle Bourcier et Primavera De Filippi : 

    Ils se sont penchés sur la transparence des algorithmes face à l'open data et le statut des données d'apprentissage dans le contexte de l'administration publique.

    Danièle Bourcier et Primavera De Filippi ont écrit sur la transparence des algorithmes et leur impact dans le contexte de l'open data. 
    Voici un aperçu de leurs travaux :

    1. "Transparence des algorithmes face à l’open data : quel statut pour les données d’apprentissage ?" :

    • Cet article explore les problématiques liées à l'utilisation d'algorithmes dans les décisions administratives au sein des administrations publiques.

    • Il souligne la nécessité de garantir non seulement l'accès au code source de ces algorithmes, mais aussi l'accès aux bases de données qui les ont entraînés.
    • Les auteurs mettent en évidence l'importance de la transparence pour que les citoyens comprennent le raisonnement et les données qui influencent ces algorithmes.


    2. **"Les algorithmes sont-ils devenus le langage ordinaire de l'administration ?"**²[2][2]:
        - Dans cet ouvrage, les auteurs examinent le rôle croissant des **algorithmes** dans l'administration.
        - Ils discutent du nouveau type de **langage** que l'administration pourrait désormais utiliser pour communiquer avec le public.
        - L'opacité des systèmes d'aide à la décision basés sur des algorithmes pose des défis majeurs, et la transparence devient essentielle pour que les citoyens comprennent les données et le raisonnement derrière ces décisions.

    La lecture de leurs travaux permet de mieux saisir les enjeux liés à la transparence des algorithmes et à leur utilisation dans l'administration et la société moderne


    Christine Chevret-Castellani et Sarah Labelle : 

    Ces auteurs ont écrit sur la transparence et la loyauté comme motifs de la régulation des algorithmes.

    Christine Chevret-Castellani et Sarah Labelle ont écrit un article intitulé "Transparence et loyauté, deux motifs de la régulation des algorithmes". 
    Dans cet article, elles explorent les questions liées à la régulation des algorithmes, en se concentrant sur les notions de transparence et de loyauté. 

    Voici les points clés de leur travail :

    1. Transparence et Loyauté comme Catégories de Régulation :

    • Elles définissent les catégories de "transparence" et de "loyauté" dans le contexte de la régulation des algorithmes.
    • Ces catégories renvoient non seulement à des conceptions des plates-formes, mais aussi aux relations que les usagers (clients ou bénéficiaires) entretiennent avec elles.
    • Les acteurs publics utilisent ces notions pour construire un discours sur leur rôle social et le maintien d'un cadre démocratique.


    2. Tensions entre Compétitivité et Protection des Droits Humains :

    • Le choix des principes de transparence et de loyauté révèle les tensions entre la compétitivité des entreprises françaises et la protection des droits humains.
    • Ces tensions se manifestent notamment dans la préservation du droit à la concurrence et la protection de la vie privée dans les définitions des algorithmes.


    La lecture de cet article permet de mieux comprendre les enjeux liés à la transparence et à la régulation des algorithmes dans notre société moderne



    Denis Merigoux, Marie Alauzen, Justine Banuls, Louis Gesbert et Émile Rolley :

     Ils ont récemment publié un travail de recherche sur la transparence et l'explicabilité automatisée des algorithmes.

    Ces auteurs ont contribué à la discussion sur la nécessité d'une plus grande transparence dans l'utilisation des algorithmes, en particulier dans le domaine de l'intelligence artificielle et de l'apprentissage machine.

    Ces chercheurs ont publié un rapport de recherche intitulé "De la transparence à l’explicabilité automatisée des algorithmes : comprendre les obstacles informatiques, juridiques et organisationnels. 

    Voici un résumé de leur travail :

    • Contexte : Les algorithmes publics utilisés par les administrations sont soumis à des obligations de transparence et d'explicabilité. Ces obligations visent à justifier les décisions prises par ces algorithmes et à garantir leur redevabilité envers les personnes concernées.
    • Objectif du rapport : Explorer les obstacles informatiques, juridiques et organisationnels qui entravent la mise en œuvre de la redevabilité. Proposer une conception élargie de l'explicabilité pour la rendre plus opérationnelle pour les administrations.
    • Méthodologie :
      • État de l'art de l'explicabilité des décisions automatisées, adapté aux spécificités administratives.
      • Enquête exploratoire sur l'algorithme de calcul des aides au logement de la Caisse nationale d'allocations familiales.
      • Conception de trois prototypes testant la faisabilité de la production automatique d'explications de qualité.
    • Résultats :
      • L'utilité des explications est cruciale tant d'un point de vue externe (pour les citoyens et les institutions de contrôle) que d'un point de vue interne à l'administration (pour assurer la fiabilité du système d'information).
      • Recommandation : La technologie de la décision automatisée et celle de son explication devraient partager une infrastructure commune, s'appuyant sur la lettre du droit.


    Ce rapport met en lumière l'importance de la transparence et de l'explicabilité des algorithmes dans le contexte administratif, et propose des pistes pour améliorer leur mise en œuvre. 

    Ils soulignent également la dimension éminemment politique de la transparence des algorithmes dans une tribune intitulée "L’opacité autour des décisions administratives automatisées n’est pas une fatalité"


    Le smartphone peut être vu comme une boite noire 


    Avec une boite noire, on ne connait pas du tout les fonctionnements intenes de la machine. 
    On ne s'intéresse qu'à la demande et au résultat.

    Les raisons et prétextes pour lesquels les constructeurs cachent le fonctionnement interne de leur appareil 

    1. Protection de la propriété intellectuelle : Les détails techniques et le fonctionnement interne des appareils sont souvent protégés pour éviter que des informations sensibles ne soient copiées ou exploitées par des concurrents.

    2. Sécurité : En limitant l'accès aux composants internes et au logiciel, les fabricants peuvent réduire les risques de manipulations malveillantes, telles que l'installation de logiciels malveillants ou le vol de données.

    3. Expérience utilisateur simplifiée (ou simpliste) : En masquant la complexité du fonctionnement interne, les fabricants disent offrir une expérience plus intuitive et plus facile à utiliser pour l'utilisateur moyen, qui n'a peut-être pas de connaissances techniques approfondies.

    4. Fiabilité et garantie : En contrôlant strictement l'environnement matériel et logiciel, les fabricants peuvent assurer une meilleure fiabilité et offrir des garanties sur leurs produits.

    5. Innovation et avantage concurrentiel : Les fabricants peuvent également vouloir cacher certaines innovations ou technologies exclusives pour maintenir un avantage concurrentiel sur le marché.

    6. Prévenir l'utilisation non autorisée : Les constructeurs de smartphones peuvent également cacher le fonctionnement interne de leurs appareils pour empêcher les utilisateurs de les utiliser de manière non autorisée et ainsi mieux les contrôler.
    Il est important de noter que cette tendance à la "boîte noire" est parfois critiquée pour son manque de transparence et parce qu'elle peut limiter la réparabilité et la personnalisation des appareils par les utilisateurs. 

    Cependant, les fabricants soutiennent souvent que ces choix de conception sont nécessaires pour maintenir la qualité et la sécurité de leurs produits.

    Les inconvénients et préjudices pour l'utilisateur

    Inconvénients et désavantages des "boîtes noires" des smartphones

    Si les constructeurs de smartphones ont des raisons légitimes de cacher le fonctionnement interne de leurs appareils, cela présente également plusieurs inconvénients et désavantages :
    1. Réduction de la liberté de l'utilisateur : en cachant le fonctionnement interne de leurs appareils, les constructeurs de smartphones réduisent la liberté des utilisateurs de contrôler leurs appareils. Cela signifie que les utilisateurs ne peuvent pas modifier ou personnaliser leurs appareils autant qu'ils le pourraient s'ils avaient accès à plus d'informations sur le fonctionnement interne de l'appareil.

    2. Augmentation des problèmes de sécurité : l'appareil, conçu comme une boite noire, peut rendre plus difficile pour les chercheurs en sécurité de détecter et de corriger les vulnérabilités. Cela peut rendre les appareils plus vulnérables aux piratages et aux malwares.

    3. Difficulté de diagnostic et de réparation : si les utilisateurs et les réparateurs n'ont pas accès au fonctionnement interne de l'appareil, il peut être plus difficile de diagnostiquer et de réparer les problèmes. Cela peut entraîner des temps d'arrêt plus longs et des coûts de réparation plus élevés sans que l'utilisateur ait les moyens de savoir s'ils sont justifiés.

    4. Obsolescence programmée et impact environnemental : la conception fermée peut encourager l'obsolescence programmée, où les appareils deviennent obsolètes ou inutilisables plus rapidement en raison de l'impossibilité de les mettre à jour ou de les réparer facilement.

    5. Dépendance aux fabricants : Les utilisateurs peuvent devenir excessivement dépendants des fabricants pour la maintenance, les mises à jour logicielles et le support technique, ce qui peut limiter leur liberté d'utilisation.

    6. Sécurité et vie privée : le manque de transparence peut également poser des risques pour la sécurité et la vie privée, car les utilisateurs ne peuvent pas vérifier par eux-mêmes si leurs appareils contiennent des vulnérabilités ou des logiciels de surveillance.

    7. Obstacle à l'innovation : La nature fermée des appareils peut étouffer l'innovation. Cela est dû au fait que les développeurs tiers ne peuvent pas créer de nouvelles applications et fonctionnalités s'ils n'ont pas accès aux informations dont ils ont besoin sur le fonctionnement de l'appareil.

    8. Coût du smartphone : Les smartphones conçus comme des boîtes noires peuvent être plus coûteux à produire et à acheter. La complexité et la fermeture de leur conception font que la nécessité de protéger la propriété intellectuelle et de prolonger le plus longtemps possible les rentes des constructeurs aux dépends des utilisateurs.

    9. Mauvaise entente entre les utilisateurs et les constructeurs : ne rien connaitre du fonctionnement interne de l'appareil peut créer un climat de méfiance entre les utilisateurs et les constructeurs. Cela est dû au fait que les utilisateurs peuvent avoir l'impression que les constructeurs cachent quelque chose ou qu'ils ne sont pas dans leur meilleur intérêt. N'importe qui peut affirmer n'importe quoi sans possibilité de contrôle.

    10. Manque de transparence : les utilisateurs n'ont pas accès aux informations sur le fonctionnement de leurs appareils, ce qui peut entraîner un manque de compréhension et de contrôle sur la technologie qu'ils utilisent quotidiennement.

    Ces inconvénients soulignent l'importance d'un équilibre entre la protection des intérêts des fabricants et la fourniture d'appareils plus ouverts et accessibles qui respectent les droits et les besoins des utilisateurs.

    Quel juste milieu ?

    Il est important de peser les avantages et les inconvénients du fait que les constructeurs de smartphones cachent le fonctionnement interne de leurs appareils. 

    Bien qu'il y ait des raisons légitimes pour lesquelles les constructeurs peuvent choisir de le faire, il existe également plusieurs inconvénients et désavantages dont les utilisateurs doivent être conscients.

    Le plus souvent, les "bonnes" raisons de : protection de la propriété intellectuelle, sécurité, expérience utilisateur simplifiée, fiabilité et garantie, innovation et avantage concurrentiel et, bien sûr, prévenir l'utilisation non autorisée sont des prétextes pour justifier des choix qui vont à l'inverse des intérêts des utilisateurs. 

    La "protection de la propriété intellectuelle" des concepteurs et constructeurs, par exemple, peut très bien être respectée même avec une transparence générale des fonctionnements internes. (voir, plus loin les ouvrages de Aurélie Jean). Les secrets de la propriété intellectuelle n'interfèrent pas dans le fonctionnement général.

    De même, pour la sécurité, l'exemple des applications open source, totalement transparentes, ouvertes au public, sont les plus sûres.

    En examinant de près les 10 inconvénients et préjudices infligés aux utilisateurs des smartphones on voit que ces inconvénients et préjudices non seulement sont plus nombreuses et graves que les arguments des constructeurs, mais de nombreux arguments sont contredits par des constats que des prétendus avantages sont des préjudices pour les usagers de smartphones.

    Il est également important de noter que la tendance évolue dans le sens de l'ouverture et la transparence.
    Certains constructeurs commencent à être plus ouverts en ce qui concerne la fourniture d'informations sur le fonctionnement interne de leurs appareils. 

    Cela est dû en partie à la pression croissante des utilisateurs et des défenseurs de la sécurité. Il reste à voir si cette tendance se poursuivra, mais c'est une évolution positive pour les utilisateurs qui souhaitent plus de contrôle sur leurs appareils.

    Voyons comment les "boites noires" se mettent encore en place aujourd'hui 

    Les 3 façons dont l'opacité des techniques est réalisée :

    1. empêcher d'accéder aux "entrailles" de l'appareil
    2. rendre invisibles les différentes options en les masquant à l'usager
    3. automatiser certaines composantes de façon invisibles pour l'utilisateur


    "Outil" ou "automate autonome" ?


    Pourquoi seule la maitrise de l'outil par l'humain lui permettra de vivre sa propre vie

    En fait la question des modes d'utilisation de la technologie n'est pas une option technique, mais la grande question de l'asservissement de l'humain par la machine ou de l'utilisation de la machine comme d'un outil par l'humain.

    Dans son livre : "La Convivialité", c'est Ivan Illich qui, le premier et le mieux, a appelé  à ce que les machines soient conçues pour être "conviviales" : servir l’humain plutôt que de le contrôler, et où la convivialité prime sur l’aliénation technologique. 

    Il préconise la transparence et la compréhension des technologies. Au lieu d’accepter passivement des outils opaques, il encourage les individus à comprendre comment ils fonctionnent et à participer activement à leur conception et à leur utilisation.

    Il dénonce "l’opposition qui se place d’abord entre l’Homme et la structure technique de l’outil, ensuite – et par voie de conséquence – entre l’Homme et les professions dont l’intérêt consiste à maintenir cette structure technique".

    "J’appelle société conviviale une société où l’outil moderne est au service de la personne intégrée à la collectivité, et non au service d’un corps de spécialistes".

    Même si l'on peut craindre que l'utopie si convaincante d'Ivan Illich ne puisse progresser sans prendre en compte d'autres antagonismes sociauxéconomico-politiques, ses préconisations des années 70 sont plus que jamais d'actualité dans les débats sur la technologie, la liberté individuelle et la durabilité.


    3 : Les Conséquences de l’Ubiquité du Smartphone

    3.1: La Crise de l’Attention

    La Crise de l’Attention : Le smartphone disperse notre attention.

    La facilité d’accès à l’information et au divertissement entraîne une crise de l’attention. Nous sommes constamment distraits et il devient difficile de se concentrer sur une seule tâche.

    Anecdote : Un avocat ne parvient pas à se concentrer sur la rédaction d’un dossier important à cause des notifications constantes.

    Implications : Cette métaphore expose les défis de concentration et de productivité liés à l’usage intensif des smartphones.

    3.2: L’Externalisation de la Mémoire

    L’Externalisation de la Mémoire : Nous confions notre mémoire au smartphone.

    L’externalisation de fonctions cognitives, comme la mémorisation de numéros de téléphone, nous rend dépendants de nos appareils et peut diminuer notre capacité à retenir des informations sans eux.

    Étude de cas : Un groupe d’étudiants ne peut se rappeler des détails d’un cours sans consulter leurs notes numériques.

    Implications : Cette métaphore interroge l’effet de l’externalisation sur notre capacité à retenir et traiter l’information.

    Conclusion

    Nicolas Nova, à travers ces métaphores enrichies d’exemples concrets, nous offre une réflexion approfondie sur les multiples facettes de l’influence des smartphones. 

    Son livre incite à une prise de conscience sur notre relation avec la technologie et ses conséquences sur notre comportement et notre culture.


    Pour compléter lisez : les trois révolutions de l'écriture


    Les trois Révolutions de l'écrit

    La première Révolution de l'écrit : l'apparition de l'écriture :
    Ce qui fait beaucoup réfléchir : L'écriture a été rejetée et condamnée, entre autres, par l'inventeur de la philosophe occidentale : Platon

    La deuxième Révolution de l'écrit : l'imprimerie

    La troisième Révolution de l'écrit