lundi 21 novembre 2016

Qu'est-ce qu'une ferme à clic ?

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La dernière fois que le web, et Facebook en particulier, a été accusé d'avoir un jeu trouble, c'est pour l'élection de Donald Trump.

Ce serait des algorithmes de Facebook qui auraient privilégié la communication de Trump.
Les fausses nouvelles (les "fakes news"), se sont multipliées à ce moment-là et auraient achevé le travail.

Ceci a joué un rôle, c'est sûr.

Mais l'essentiel n'a pas été là.
L'incroyable quantité de clic "j'aime", venue d'un coup du bout du monde, est ahurissante.

Mais ces logiques dans Facebook, Trump n'est pas le premier ni le seul à les utiliser.

Elles sont au contraire au cœur du fonctionnement de Facebook.
Voici comme cela marche :


Les investissement dans le web font partie de la campagne électorale de Trump comme de Clinton



La candidate Clinton a investi 450 millions de dollars dans le web.
C'est elle, qui, dans la continuité d'Obama, a le plus travaillé sur les algorithmes (les logiques de vote)
et le ciblage de sa campagne.

Trump a dépensé environ la moitié, mais "a misé sur l’exploitation de masses de travailleurs du clic, situés pour la plupart à l’autre bout du monde".

Comme l'explique Antoine Casilli dans l'article de Rue89 : "Qui a fait élire Trump ? Des millions de « tâcherons du clic » sous-payés"

Déjà, en 2011, un formateur consultant avait dénoncé le problème et son incidence dans la campagne électorale en France. "Popularité et fermes à clics par Denis Szalkowski".
Dans les fermes du Bangladesh, en Inde, aux Philippines, en Indonésie, au Mexique ou au Brésil, en 2013, les 1.000 clics coûtaient 15 $.

Michèle Blanc, une spécialiste du commerce électronique, écrit "Click Farms (les fermes de clics) ou comment se faire fourrer heureux". Elle dénonce l'exploitation massive de milliers d’internautes sous-payés dans des fermes de test de jeu, les "gold farms" et les "fermes à clic".
Elle dénonce aussi tout le commerce, organisé pour proposer d’accroître le nombre de clic sur vos sites, en les payant ou en organisant des concours rémunérateurs (pour leurs organisateurs, bien sûr).

Comment fonctionne le système des clics et pourquoi est il devenu décisif dans Facebook et pour ses profits


Cette vidéo, en anglais, sous-titrée démonte 
et prouve les mécanismes corrompus 
et impossibles à éviter des clic de Facebook
(cliquez sur la roue dentée et adoptée une sous-vitesse
 de 0,5 ou 0,25 si vous voulez prendre plus de temps 
pour lire les sous-titres)


Comme détaillé et démontré dans la vidéo ci-dessus, Facebook dissimule les forçats du clic, sous-payés dans les pays pauvres.
Mieux (pour lui) et pire encore, il a inventé un système gratuit utilisant le formidable réseau de contacts constitué par son réseau.

L'organisation des "fermes à clic" a été décrite par une enquête, (en anglais. Vous pouvez actionner la traduction automatique de Google) "How low-paid workers at 'click farms' create appearance of online popularity".
Celle-ci montre qu'au-delà des l'exploitation financière, ce sont tous les systèmes d'évaluation des goûts et des choix des consommateurs qui sont tronqués.

Améliorer le profil d'entreprises et promouvoir des produits sur le web sont devenus de plus en plus efficaces et suspects !

Nouvel "i-sclavagisme" ? Nouvel impérialisme numérique ?

L'article de rue89 , "Qui a fait élire Trump ? Des millions de « tâcherons du clic » sous-payés", soulève aussi le voile sur l'énorme organisation de cette nouvelle économie d'exploitation des travailleurs sous-payés qui renforce encore les inégalités Nord-Sud dans le monde.

Que pouvons-nous y faire ?


Certainement pas nous voiler les yeux !
Certainement pas non plus "jeter le bébé avec l'eau du bain", en refusant de s'intéresser au sujet et en rejetant les nouvelles technologies !

Mais, c'est avec nos avis, nos contributions dans tous les domaines, économiques, sociaux, culturels, politiques, en nous informant que nous pourrons peser sur le cours des événements.

L'histoire n'est pas écrite d'avance, elle est en train de se faire.