De grandes personnalités du monde scientifique, de grands dirigeants et entrepreneurs, eux-mêmes responsables des technologies d'avant-garde pour l'intelligence artificielle nous menacent d'un avenir très dangereux où les machines pourraient nous dominer !
Pourquoi ?
C'est bien la première fois que des responsables dénoncent les dangers de leurs propres produits !!!!
Cela vaut la peine de réfléchir plus loin !
"Ils veulent distiller la peur pour masquer les vrais dangers" analyse Jean-Gabriel Ganascia.
Quelle peur ? Quels vrais dangers ?
Il y a urgence de dépasser et se débarrasser de cette peur pour mieux affronter les vrais dangers.
L'intelligence artificielle, otage de mythes irrationnels contradictoires et extrêmes : promesses d'immortalité de monde idéal et aussi cauchemar de la domination par les machines...
"Pompiers pyromanes !" dénonce Jean-Gabriel Ganascia envers les responsables des grands dirigeants des GAFAM qui, avec le développement de leurs technologies :- d'un côté promettent l'immortalité et un monde idéal
- de l'autre mettent en garde contre la pire des sociétés dominées par les machines
Pourquoi polariser autant sur ces deux extrêmes en jouant les pompiers pyromanes ?
Pourquoi cette bienveillance suspecte peut paraître suspecte ?
Il est vrai que normalement on pourrait s'attendre à ce que des responsables des grandes sociétés prônent d'eux-mêmes des solutions résolvant au mieux les problèmes au lieu de créer des catastrophes.
Mais ces dirigeants :
- ne sont pas fous
- ne travaillent pas contre leurs propres intérêts
Les nouvelles technologies sont-elles de nouveaux monstres échappant à tout contrôle
Jean-Gabriel Ganascia et Antoine Garapon (dans l’interview présentée plus loin dans cet article) expliquent leur "bienveillance suspecte !" :
- que les dirigeants présentent leurs technologies comme indépendantes d'eux, de leur volonté, de leurs décisions
- ils veulent faire croire que les états ne peuvent rien dans leurs développements (ils souhaitent qu'ils ne fassent rien ?)
- que, en particulier, ces sociétés peuvent maintenant se substituer complètement aux états pour une fonction essentielle de ceux-ci l'identification de chacun (et base légale de la souveraineté) et l'enregistrement des caractéristiques des citoyens
"Ils veulent distiller la peur pour masquer les vrais dangers" met en garde Jean-Gabriel Ganascia.
Il y a urgence pour dépasser et se débarrasser de cette peur pour mieux affronter les vrais dangers.
Ni monstres ni divinités. Rentrons dans la réalité
Dans son dernier livre "Le mythe de la Singularité : faut-il craindre l’intelligence artificielle ?" Jean-Gabriel Ganascia (voir qui est-il en fin d'article) traite des grands mythes qui agitent les médias et internet à partir des avertissements impressionnants de grandes figures comme Bill Gates (fondateur de Microsoft), Elon Musk, Ray Kurzweil (chef de projet Google) et le grand astrophysicien Stephen Hawking.
Ces "informations" (ce sont en fait des opinions) sont distillées et reprisent en boucle depuis des années sont contradicteurs véritables ni réflexions approfondies.
Examinons l'analyse de Jean-Gabriel Ganascia.
Ces grandes personnalités parlent comme autorités hors du domaine de leurs propres compétences.
Ces grandes personnalités assènent des prédictions anxiogènes à partir d'interrogations, d'angoisses qui font un buzz énorme sans se donner la peine d'explication la réalité de sujets qu'ils traitent à distance, sur le mode des croyances et des craintes.C'est une attitude complètement opposée à leur activité de grands scientifiques et de grands entrepreneurs, mais bizarrement personne ne leur en fait reproche.
Au contraire, leur parole est revêtue de l'autorité de leurs travaux et réalisations antérieures comme si cette autorité faisait disparaître la compétence dont ils devraient faire preuve à l’appui de leurs affirmations apocalyptiques.
Leurs prédictions et mises en garde ne sont fondées sur aucune démonstration scientifique, elles s’apparentent plus à celles de gourous, de technogourous
Pour démythifier ces prédictions, il faut les désacraliser en démontant leurs mécanismes qui fonctionnent au final assez simplement.
Il faut aussi avoir :
Il faut aussi avoir :
- une approche à la fois scientifique pour ne pas se laisser abuser par des affirmations péremptoires et abusives
- et un raisonnement philosophique et un recul historique.
Les vrais chercheurs en intelligence artificielle sont plus réalistes, eux !
Un chercheur comme Luc Julia responsable du département d'innovation de Samsung et ayant participé aux premiers développements des assistants vocaux à base d'intelligence artificielle est bien placé pour donner un avis autorisé sur la question (lire mon article "Pas d'Intelligence Artificielle chez les robots ?").
Il considère le terme même d'intelligence artificielle au mieux comme une appellation erronée et au pire comme un mauvais buzz marketing.
Il est important d'écouter les spécialistes du domaine de l'intelligence artificielle démasquer la supercherie
Poser la question de pourquoi les médias et ceux qui veulent y figurer en première place alimentent des surenchères effrayantes... c'est évidemment y répondre.
Il ne faut pas attendre pondération et recherche d'exactitude dans des milieux où l'agitation des peurs est bien plus rémunératrice pour l'audience et la notoriété... et la rémunération de celles-ci.
La conséquence est que des comportements irrationnels se multiplient dans les usagers des nouvelles technologies. Irrationalités et paniques qui sont préjudiciables autant aux usagers eux-mêmes qu'au développement de ces technologies.
Revenons donc aux réalités de ces nouvelles technologies
C'est ce que fait Jean-Gabriel Ganascia en rappelant que la progression impressionnante des nouvelles technologies représentée en partie par la loi de Moore (doublement du nombre de transistors dans une puce tous les deux ans) n'autorise pas à dire n'importe quoi.
Oui, les machines peuvent avoir des développements de capacités mémoires ou de calcul exponentiels.
Non, cela n'a rien à voir avec de l'intelligence.
Non, cela n'a rien à voir avec de l'intelligence.
Ce sont des processus d'automatisation toujours plus puissants mais incapables d'improvisation comme une intelligence humaine (ou même animale... et peut-être même végétale !).
Ce que Jean-Gabriel Ganascia montre également, c'est un besoin millénaire, à toutes les époques de l'humanité de créer des mythes en poussant des raisonnements à l’absurde.
Aujourd'hui, c'est la science-fiction qui dirige ces extrapolations.
La science-fiction est tout à fait respectable.
La science-fiction est tout à fait respectable.
Encore faut-il ne pas oublier qu'elle est "fiction" !
Or elle est utilisée pour des usages médiatiques et mêmes commerciaux (et politiques ?) contestables.
Lire l'article "La machine dépasse-t-elle l'humain ?" : Les robots peuvent dominer les humains. Au-delà du fantasme, qu'en est-il vraiment ?
Lire l'article "La machine dépasse-t-elle l'humain ?" : Les robots peuvent dominer les humains. Au-delà du fantasme, qu'en est-il vraiment ?
Un podcast d'interview de Jean-Gabriel Ganascia par Antoine Garapon :
La préconisation développée ici n'est pas de combattre ni de refuser les machines mais de savoir les utiliser au mieux.
Une conférence au CNAM : "L’intelligence artificielle va-t-elle bientôt dépasser celle des humains ?"
Le mythe de la Singularité : faut-il craindre l’intelligence artificielle ? Conférence du 7/9/2017 au CNAM.
Qui est Jean-Gabriel Ganascia ?
Jean-Gabriel Ganascia président du Comité d’éthique du CNRS, membre de la CERNA (Commission de réflexion sur l’Éthique de la Recherche en sciences et technologies du Numérique d’Allistene) est à la foi chercheur sur "les systèmes à base de connaissances" et philosophe.
Il a écrit de nombreux livres sur l'Intelligence artificielle :
- Le mythe de la Singularité : faut-il craindre l’intelligence artificielle ?, éditions du Seuil, Collection Sciences Ouvertes, 2017
- L’intelligence artificielle : vers une domination programmée ?, éditions du Cavalier Bleu, 2017.
- Le temps des robots est-il venu ? Découvrez comment ils transforment déjà notre quotidien (avec J. Braly), éditions Quae, 2017
- Voir et pouvoir: qui nous surveille? Editions le pommier, 2009.
- Les sciences cognitives, Editions le pommier, 2006
(Source Wikipédia)