lundi 6 janvier 2020

Les batailles de l'Open Data : pillage ou partage ?

Selon les pays, une part
plus ou moins importante
 de la donnée publique
est mise à disposition
 de tous dans le champ
 des données ouvertes.
Ce mouvement est
en expansion (Wikipédia)
L'Open Data ou ouverture des Données est un mouvement pour que les administrations, les associations, les entreprises et les particuliers mettent à disposition des données réutilisables sans contrepartie.

Les Données sont une mine d'or dès qu'elles sont mises en commun.

Mais s'agit-il vraiment d'une mise en commun ou d'une appropriation dans un seul sens des données publiques et des particuliers par ceux qui ont les moyens de les traiter et les exploiter à leur seul profit ?

La puissance de la maîtrise de ces données doit-elle revenir à ceux qui traitent les données ou à ceux qui les créent et les fournissent ?
Ou peut-elle être équitablement partagée ?
La naïveté n'est pas de mise. L'importance des enjeux est déterminant pour toute démocratie.
(Big Brother n'est pas très loin !)
(Voir mon article : "Big data, Big Brother ?")




Ouverture des Données pour que tout le monde y gagne


Le logiciel libre au code ouvert a montré qu'il pouvait générer de grandes services, être très innovant et dynamique.
(Lire mon article : "Remplacer Google avec des outils équivalents du logiciel libre, gratuit, communautaire... et sans publicité ?")

Pourquoi les Big Data ne pourraient pas être abordées ainsi ?

Le droit d'accès aux données publiques date de la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789.

Les nouvelles technologies ont exigé rapidement des communications compatibles entre différents matériels, différents projets.

Internet a été le lieu d'échanges généralisés pour mettre à disposition des chercheurs, des étudiants le maximum d’informations utiles.



L'Open Data à la Loupe
(Source Wikipédia)

L'Open Data et leurs utilisations


L'ouverture des données est un enjeu crucial pour :

  • permettre de grands progrès dans l'information, la prédiction et la projection
  • créer une importante valeur ajoutée 

Les enjeux sont tellement importants qu'ils sont centre de batailles longues et féroces.
Pour les données des transports, la RATP s'est jusqu'à récemment opposée à diffuser gratuitement les données concernant son activité.

Malgré les démarches et pressions incessantes de Citymapper, la RATP refuse de considérer qu'il s'agit là uniquement de transparence mais plutôt d'une matière précieuse constituant la richesse interne de l'entreprise de transport. (Article du Monde Economie : "Citymapper, cette start-up qui agace la RATP")

Ces données, d'après elle sont d'un tel enjeu stratégique et d'une telle valeur qu'il est indispensable de négocier équitablement :

  • leur coût et le dédommagement correspondant
  • la surveillance de leur utilisation et des retours obligatoires sur les plus-valus engendrées par leurs utilisations.

La crainte que la maîtrise des données fasse émerger un nouveau pouvoir est justifiée


C'est en effet ce qui s'est passé pour les réservation d’hôtels en ligne où la plate-forme Booking.com a dicté sa loi sur tout le secteur.

La domination de Google dans la maîtrise des données et des informations collectées par son moteur de recherche et les mobiles inquiète beaucoup.

Si Google est très généreux dans la gratuité de ses services, sa raison d'être est la collecte et le traitement d'une énorme quantité de données. Un savoir-faire qu'il n'est pas prêt à partager.

L'alerte a été donnée sur "Smart cities : attention à « l’appropriation des “data” personnelles par le privé" par les responsables du cabinet d'études Chronos.

 « Smarter city » d'IBM, comme les « Sidewalk Labs » de Google sont des projets qui ont pour but "l’amélioration de la vie en ville pour tout le monde par le développement et l’incubation de technologies urbaines. 
Il traitera des questions comme le coût de la vie, le transport efficace" et tout ce qui peut améliorer la vie et les transports.

S'il est impossible et de s'opposer à ces forces, il serait naïf et dangereux de s'y abandonner : il faut trouver la juste place de chacun


Dans l'article de M Smart Cities "« Open data » : qui pilotera les villes de demain ?", est posée la question de la constitution d'un réel bien commun.

"Comment stimuler l’innovation sans perdre de vue l’intérêt général ? 

La plupart des acteurs privés sont unanimes, c’est justement l’open data qui évitera le piège d’une position dominante. C’est aussi l’avis du syndicat des transports d’Ile-de-France (STIF). 
« Si l’on n’ouvre pas nos données, Google les reconstituera, affirme Olivier Vacheret, son responsable des informations numériques. En apportant de l’information consolidée, on la rend incontournable et on remet l’acteur public au centre. 
A charge pour lui de créer, par exemple, un label pour récompenser les applis respectueuses d’un code de bonne conduite. »

Pour le sociologue Bruno Marzloff, il faut aller encore plus loin et appliquer l’open data à tous les acteurs. 

« La question de la propriété de la donnée est centrale, affirme le fondateur du cabinet d’études Chronos. La logique participative brouille les limites entre public et privé. 

Pourquoi obligerait-on la SNCF ou la RATP à ouvrir leurs bases et pas Google ni Citymapper ? 

La donnée est un bien commun, il revient à l’acteur public de fixer les règles pour favoriser sa circulation, et pas seulement chez les acteurs du service public. »

La conclusion n'est-elle pas que pour être gagnant-gagnant il faut être donnant-donnant en exigeant retours et transparence dans l'utilisation des données.

Ces retours sont d'autant plus à l'ordre du jour que les niveaux de plus en plus perfectionnés de l'Intelligence Artificielle qui analyse ces Big Data, le "machine learning" et le "deep learning" génèrent directement de grandes quantités d'informations très utiles pour tous.

On ne peut laisser ces richesses (et la puissance qui en découle) à la seule disposition de ceux qui ont les moyens de traiter ces informations, sous peine d'en devenir complètement dépendant.

Seuls des accords de réciprocité permettrait donc réellement de garantir des "gagnants-gagnants".

Et vous que pensez-vous de cette nécessité de partage et de la nécessité aussi d'équilibrer le partage des bénéfices et des pouvoirs issus de ces Données ?
Je serai très heureux de connaître vos avis et de les partager.
pierre.rene654@gmail.com