La sérendipité est le fait de « trouver autre chose que ce que l'on cherchait ».Comme Christophe Colomb cherchant la route de l'Ouest vers les Indes, et découvrant un continent inconnu des Européens.
Selon la définition de Sylvie Catellin, c'est « l'art de prêter attention à ce qui surprend et d'en imaginer une interprétation pertinente » (Source Wikipédia)
Effectivement non seulement la plupart des découvertes et des inventions ont été le produit du hasard ou d'une erreur, mais nous guider uniquement vers ce qu'on "doit" faire est proprement effrayant.
On dit que l'enfer est pavé de bonnes intentions.
"Trop" nous aider à "trouver" ce qu'on doit trouver : est-ce bien l'objectif à poursuivre pour les moteurs de recherche et l'Intelligence artificielle ?
Les bonnes intentions de Mark Zuckerberg sur Facebook
En parcourant les États-Unis, idée lui est venue : connecter les gens avec des mentors qui leur apporteraient les connaissances et l'aide qui leur correspondraient le mieux.Pour le patron de Facebook, parmi les inégalités il en est une souvent occultée, celle de la composition de son cercle de connaissances (proches, amis, collègues de travail, etc.). Pour pallier cet effet, le réseau social pourrait demain mettre ses utilisateurs avec des gens qu'ils "devraient" connaître, selon les mots de Mark Zuckerberg :
"Facebook s'est efforcé de vous aider à vous mettre en relation avec des gens que vous connaissez déjà. Nous avons construit une intelligence artificielle pour vous suggérer des 'Personnes que vous pourriez connaître'.Mais il pourrait être tout aussi important de vous mettre en relation avec des gens que vous devriez connaître - des mentors et des personnes en dehors de votre cercle qui s'occupent de vous et peuvent être une nouvelle source de soutien et d'inspiration." Article de JC Catalon dans La Tribune")
"Nos relations sociales tracent notre chemin plus qu'on ne le pense" observe Mark Zuckerberg
Et donc, ces relations sociales "enferment" un individu dans ses prédestinations.
Sur le principe des Alcooliques Anonymes, des mentors, des modèles pourraient être proposés pour aider et faire progresser.
Facebook, miroir de ses utilisateurs et de leurs usages peut-il devenir un conseiller personnel de vie ?
Facebook, c'est déjà le meilleur et le pire, mais avoir réussi à permettre autant d'échanges et de relations est phénoménal.Ne revenons pas ici sur le côté le plus inquiétant qui est l'appropriation et le droit d'utiliser et de sous-traiter l'utilisation de tout ce qui est publié dessus.
C'est un autre aspect qui est soulevé quand Mark Zuckerberg veut orienter nos relations sociales.
Un conseil ne fait pas de mal à quelqu'un qui a le recul suffisant pour évaluer et relativiser ce conseil.
Quelqu'un qui a une culture générale et une connaissance des diverses possibilités existantes pourra profiter (ou non) de ce conseil en connaissance de cause.Par contre, quelqu'un qui ne connait que ce conseil.
Quelqu'un qui n'a pas de vision générale des problèmes qu'il rencontre sera dépendant de ce conseil.
Comme tous les écosystèmes de ce type, Facebook, pour des raison commerciales évidentes, fait tout pour maintenir ses utilisateurs dans son sein et qu'ils n'aillent pas voir ailleurs.
Ce fonctionnement qui pourrait s'apparenter à celui d'une secte présenterait alors les mêmes dangers et effets néfastes.
Comment s'en sortir ?
Justement : en sortant de Facebook et de ses conseils trop calibrés pour nous.
En n'utilisant pas uniquement les moteurs de recherche comme Google qui vous renseignent efficacement mais vous enferment aussi dans votre bulle.
En perdant du temps à chercher en dehors des sentiers battus.
On pourra alors utiliser les conseils futurs de Facebook ou les résultats de Google comme des réponses parmi d'autres et non les seules possibles.(Lire mon article : "Les moteurs de recherche sur internet autres que Google")
Cela change tout puisque cela nous donne :
- la possibilité d'avoir des réponses variées,
- la possibilité de réfléchir par nous-mêmes,
- la liberté de choisir.
Une fois de plus, il est essentiel d'éduquer sur l'utilisation des outils numériques
La question n'est pas d'apprendre des lignes de code, mais de se comprendre les principes de fonctionnement des outils numériques.
C'est en même temps un changement culturel tellement important qu'il exige des changements de façon de voir, de réfléchir et d'agir pour ne pas subir ces outils, mais pour les utiliser au mieux de ses réflexions et objectifs.
