lundi 19 mars 2018

Pas de petit profit : comment profiter des fautes de frappe

Nous savons l'importance du marketing aujourd'hui sur Internet.

Ce qui était un moyen de communication, des "autoroutes de l'information" sont devenus le théâtre des batailles des plus grandes entreprises du monde pour étendre leur marché et le protéger de manœuvres astucieuses, mais répréhensibles.

Après la collecte des informations des consommateurs (et au-delà), la bataille des moteurs de recherche est un enjeu central pour guider les éventuels consommateurs vers un produit ou un autre.

Qu'est-ce que les fautes de frappe ont à voir avec cela ?




Les fautes de frappe sont exploitées depuis longtemps pour recueillir, "hacker" (pirater) de l'audience 


Traduire "hacker" par pirater est très discutable, j'en conviens.


Pirater est d'ailleurs un mot aux connotations très variées.

Les pirates étaient des bandits sur mer (et qui attaquaient aussi les villes côtières) qui pouvaient être appréciés comme :

  • la lie de l'humanité, sans foi ni loi, des massacreurs et des tortionnaires qui tueraient père et mère pour accroître leur butin
  • des corsaires utiles pour renforcer les flottes d'un pays pour combattre (et piller) un autre
  • des héros romantiques
Les appellations étaient déjà, à l'époque, révélatrices :


  • les boucaniers s'étaient installés dans l’île de la Tortue et pratiquaient l'élevage de bœufs, chassaient les cochons sauvages et fumaient (boucanaient) leurs chairs.
  • les flibustiers : le mot « flibustier » est dérivé du néerlandais vrijbuiter (« qui fait du butin librement » (voir l'article de Wikipédia "Piraterie") et donc qui écumaient les mers et les terres avec comme seul objectif : le butin.
  • l’organisation sociale et "démocratique" des pirates était étonnamment en avance sur les sociétés de l'époque. (Est cela qui leur attirait la sympathie des populations bien moins bien traitées des pays qu'ils pillaient ?)

Aujourd'hui la piraterie maritime existe encore mais c'est de la piraterie sur Internet dont il est question ici


Les pirates sont ceux qui s'opposent au pouvoir établi et en contournent les règles.

Les partis pirates se sont même présentés aux élections avec un certain succès, dans de nombreux pays, pour faire valoir des principes de libre partage et d'entre-aide contre l'envahissement du mercantilisme.

Mais les règles établies, le droit, dans le domaine des nouvelles technologies est très en retard sur les innovations galopantes des grands acteurs du web.

  • Uber est devenu une des plus grandes sociétés du monde en prétendant ne pas être une entreprise de transport. (Lire mon article : "Qu'est-ce que l'Ubérisation ?")
  • Les intermédiaires de locations d'appartements sur internet ont prétendu promouvoir des prix bas alors qu'ils interdisaient aux hôteliers de baisser leurs prix (et sont maintenant condamnés pour cela). 
Et les exemples sont nombreux de start-ups profitant des failles des organisations sociales et légales en place pour courtcircuiter celles-ci et faire de juteux profits. (Sans compte l'utilisation de l'optimisation fiscale et des paradis fiscaux).


Mais je ne veux pas, ici, engager un débat économico-politique.

Je veux simplement faire un rapprochement entre ceux qui oeuvrent en marge des lois, que ce soit des bandits "pirates" déclarés ou des innovateurs profiteurs de lois pas encore en place.


La bataille de l'aiguillage des potentiels consommateurs vers un site ou un autre est aujourd'hui un enjeu décisif


Les annonceurs sont prêts à payer très cher pour que l'on clique sur leur publicité. (Lire : "Qu'est-ce qu'une ferme à clic ?").
Google a bâtît toute sa richesse sur la collecte d'éléments servant au marketing.

Les grandes entreprises qui dépensent des fortunes en publicité, sponsoring et marketing payent des laboratoires entiers de chercheurs pour monter des stratégies de conquêtes de clients.

Et l'une d'elles est l'exploitation des erreurs de frappe !

Quand l'erreur de frappe peut rapporter beaucoup !


Toute recherche canalise vers des résultats correspondant à ce qui est frappé au clavier.

Quand l'orthographe est rigoureuse, le cheminement mène directement au résultat prévu.

Mais il suffit d'une erreur d'un caractère pour que, si quelqu'un propose une réponse pour ce "mot" légèrement modifié, une partie du flux des chercheurs de réponse atterrisse sur un site imprévu.

Les marques s'en préoccupent sérieusement (lire : "Détournement de clientèle sur internet").

Scandale dans la sandale : Birkenstock déclare la guerre à Amazon à cause de… fautes de frappe de ses clients.


"L’Allemagne ordonne à Amazon de cesser de profiter des gens qui ne savent pas épeler « Birkenstock »" révèle l'article de "pressecitron".

Birkenstock est un marque de sandale difficile à orthographier, même pour les compatriotes allemands de la marque.
Selon l'agence de presse Reuters, Amazon ne fait pas suffisamment d'efforts pour que les personnes orthographiant mal "Birkenstock" ne se retrouvent pas sur des sites de contrefaçon.

Ils demandent à Amazon de retirer de leur site toutes les appellations proches de la marque et qui profitent des occurrences pour vendre des produits imités.

Ceci démontre d'une certaine façon le pouvoir énorme d'Amazon sur les marques qui sont obligées, de gré ou de force de composer avec cet incontournable moyen de commercialisation mondial.