lundi 4 juin 2018

Utilisation des données personnelles : ce qu'on accepte et ce qu'on refuse

Protéger partager
Les derniers articles se sont centrés sur les données personnelles, leur collecte et leurs utilisations.

Nous avons vu ("Protéger ses données personnelles ") qu'en Europe de nouvelles lois avec le règlement général sur la protection des données (RGPD) vont soumettre la collecte des données à l'assentiment formel des utilisateurs. Les utilisations aussi doivent être contrôlées et toute fuite doit être révélée dans les 72 heures.

Mais quels seront les comportements des usagers pour autoriser l'utilisation de leurs données ?

Quel rapport avec les Big data et les Open Data ?



Se faire payer l'utilisation des données ou les mettre au service de l'intérêt général

C'est le point de vue de certains internautes qui tirent la conclusion de la situation actuelle où nos données sont pillées et monétisées pour réclamer que chacun puisse vendre ses propres données.

Gaspard Kœnig fondateur de "Génération libre", think-tank défend une sorte de « jacobinisme libéral » où chacun pourra vendre ses données.

Tandis que d'autres font l'analogie avec le don du sang pour dire que les données devraient être surveillées, mais aussi utilisées dans l'intérêt général.
C'est la philosophie de l'Open Data (voir en fin de l'article).

Vous êtes le produit

L'affaire Facebook Cambridge Analytica est révélatrice de ceux qui s'indignent et ceux qui restent indifférents


L'affaire Facebook Cambridge Analytica a provoqué d'importants remous politiques et le plongeon de l'action Facebook.

Par contre, tout le monde a été étonné du faible nombre de personnes ayant fermé leur compte Facebook.
Comme si les usagers de Facebook étaient blasés et indifférents.

Qu'est-ce que chacun est prêt à communiquer de ses données personnelles


71% des Français sont favorables au partage des données personnelles pour améliorer le service client en France. Si le service est étranger, la proportion tombe à 59% et reste donc majoritaire.

Par exemple, plus d'un tiers s'attendent et apprécie que des vendeurs connaissent et prennent en compte leur historique de vente qu'ils acceptent de partager à 37%.

Les Français acceptent majoritairement de donner leur numéro de téléphone et leur mail mais ne supportent pas les relances par mails et encore moins par téléphone.

Qu'est-ce qui est refusé


Partager ou protéger
80% des utilisateurs français sont prêts à boycotter une marque qui utilise leurs données sans leur autorisation (Etude SAP/Hybris Consumer Insights).

56% abandonneraient une marque si celle-ci leur envoie du spam.

La géolocalisation est beaucoup plus difficilement partagée (à seulement 19%).

Accepter le partage de certaines données plus sensibles est beaucoup moins fréquent :

  • accès à ses comptes sociaux 9%
  • informations financières 3%
  • numéros de sécurité sociale 3%
et ce partage ne se fait qu'en échange d'offres commerciales ou de services intéressants. 


Quel rapport avec les Big Data et les Open Data

Deux articles sur les Big Data expliquent leur rôle incontournable dans les technologies numériques :

"Qu'est-ce que le Big Data ? "

"Le Big Data une nouvelle façon de percevoir les réalités"


"L'open data ou donnée ouverte est une donnée numérique dont l'accès et l'usage sont laissés libres aux usagers.
Elle peut être d'origine publique ou privée, produite notamment par une collectivité, un service public (éventuellement délégué) ou une entreprise.

Elle est diffusée de manière structurée selon une méthode et une licence ouverte garantissant son libre accès et sa réutilisation par tous, sans restriction technique, juridique ou financière."
(Wikipédia Open Data).  Voir vidéo 1:41

L'Open Data est aussi une philosophie d'origine universitaire qui ont mené, en France à la création du portail gouvernemental data.gouv.fr : "Partagez, améliorez et réutilisez les données publiques".

Les Big Data sont constituées par :

  • des données privées collectées par internet ou d'autres moyens, provenant d'individus ou d'entreprises privées
  • des données publiques : Open Data

La collecte de données personnelles est un enjeu existentiel des Big Data

En France, la collecte des données doit respecter la loi « Informatique et Libertés » (loi n°78-17 du 6 janvier 1978) et les nouvelles lois "Règlement général sur la protection des données" (RGPD).

Le grand heurt avec les GAFAM est dû aussi au fait qu'aux États-Unis, les données personnelles sont collectages sans limites et monnayables.

C'est une nouvelle économie qu'ils ont fait exploser avec les technologies de marketing basées sur les collectes de données.
Reste que s'ils n'arrivent pas à trouver des consensus générant la confiance de leurs utilisateurs ils seront de plus en plus menacés et condamnés à terme.

Seul un cadre légal (imposé) protecteur et respecté pourra permettre le développement consensuel des Big Data 

Ne soyons pas naïfs, si rien n'oblige les grands groupes à respecter des droits d'individus, il n'y a aucune raison qu'ils le fassent.

Les scandales dans l'agroalimentaire du sucre, additifs, pesticides contenus dans les produits ne donnent lieu à des limitations que lorsqu'ils sont imposés par l'opinion publique et les associations de consommateurs.


La lutte pour faire respecter les droits des internautes est récente et balbutiante

Bien qu'une association comme "la  Quadrature du Net" a été fondée en 2008, pour défendre les droits et libertés des citoyens sur Internet, leurs actions sont encore trop peu connues et valorisées.
Ses buts :
  • Les droits de l'Homme dans la société numérique
  • L'accès à un Internet libre et ouvert
  • Le partage de la culture et des connaissances
On peut être d'accord avec une partie plus ou moins grande de ses propositions mais la lutte pour les droits des internautes est une partie de plus en plus importante des droits de l'homme en général, des droits citoyens et démocratiques.

L'association de consommateurs "Que Choisir ?" a été, elle aussi, active pour défendre les droits des consommateurs-internautes.

Seront nécessaires de continuer :
  • à mettre réellement en oeuvre le droit à l'oubli, nouveau problème créé par la longévité et la possibilité de retrouver trop facilement des informations très anciennes
  • le renforcement des mesures de protection contre le piratage
  • l'accroissement des sanctions en cas de non respect des lois pour être dissuasives 
Et les algorithmes de traitement des données ne peuvent-ils pas nous trahir et nous jouer des tours ?
C'est en effet un problème qui doit être pris en charge aussi sérieusement que la protection des données personnelles.
Pour approfondir le sujet en particulier sur le plan juridique : "Protection des données personnelles et Big Data : inconciliables, vraiment ? (tribune)"