jeudi 20 octobre 2016

Qu'est-ce que l'Ubérisation ?

Quand Maurice Lévy, P-DG de Publicis, a déclaré que "Tout le monde commence à craindre de se
faire ubériser", en effet, après les taxis, cela a été le cas :
  • de l'hôtellerie, menacée par Airbnb,
  • de la musique, avec Spotify et Deezer
  • de la distribution de films, avec Netfix
  • de la distribution, avec Amazon
  • de la finance, avec Kisskissbankbank ou Lendingclub 
A qui le tour ? 
De quoi s'agit-il en fait et que peut-on en attendre ?

Se faire ubériser, c'est un grand secteur économique qui d'un coup est déstabilisé et menacé de disparition. Pourquoi et comment ?

Les nouveaux arrivants utilisent à fond les nouvelles technologies pour se passer d'intermédiaires et de structures.

Ils en profitent pour pousser "l'optimisation" fiscale au-delà de ce que les pays, où ils réalisent leurs profits, peuvent accepter. 

 Et l'économie de partage ?
Taxis contre UBER


Si l'économie de partage existe bien et est souvent à l'origine de ces systèmes, elle est rapidement noyée par une démarche hyper-professionnelle de rentabilité, où le partage n'est plus qu'un prétexte symbolique.

Uber faisait de la publicité valorisant le temps partiel qui permettait à un papa de s'occuper de son fils. 
Très touchant...
 Mais, dans la réalité : quelle semaine à rallonge faut-il faire pour atteindre un salaire minimum, quand on n'est pas viré, parce qu'on refuse des courses ?

Airbnb prône officiellement le partage d'appartements entre particuliers pour des compléments de revenus.
La réalité, dévoilée par nombres d’enquêtes (voir en fin d'article) et d'émissions de télévision, montrent que de gros investisseurs, souvent étrangers, achètent des appartements par dizaines pour les louer toute l'année.  (Avec pour conséquence, la flambée des loyers et la désertification de quartiers entiers qui se vident de leurs habitants).

Résultats de l'Ubérisation ?

Pour le client :
  • L'inconvénient de la perte de relations humaines commerciales "à l'ancienne" qui conduit à long terme à l'affaiblissement des liens et des relations sociales.
  • Les avantages d'un service plus facilement accessible, à meilleur coût, souvent de qualité et dans un cadre sécurisé.
Pour le professionnel :
  • Un accès facilité au travail, mais avec un statut d'autoentrepreneur ou freelance, donc sans congés payés ni protection sociale. 
  • Individualisation des activités qui doivent être gérées directement par le professionnel ainsi que sa formation
    La plate-forme n'étant pas l'employeur, elle se contente de la mise en relation.
  • Plus de séparation entre vie professionnelle et vie privée et précarisation (avec les difficultés d'obtenir des prêts ou un logement)
Pour l'état et la société du pays concerné, les sociétés installant le plus souvent leur siège hors du territoire :
  • évasion des taxations des bénéfices réalisés sur son sol ne permettant plus de financer la protection sociale.
  • difficultés juridiques pour faire respecter la législation
Un observatoire de l'Ubérisation a été créé en 2015 par Grégoire Leclercq et Denis Jacquet pour prendre en compte les enjeux : 
  • sociaux (financement du modèle social), 
  • juridiques (requalification en contrat de travail), 
  • fiscaux (les plateformes sont nombreuses à ne pas se soumettre à l'impôt sur le territoire national) 
  • et économiques (les acteurs traditionnels sont bousculés par ces modèles et les appréhendent)
  • des flux financiers, induits par les services ubérisés, transitent fréquemment à l'étranger, donc à l'abri des prélèvements sociaux du pays où se font effectivement les prestations
(Source Wikipédia)

Et demain ? Rêve ou cauchemar ?

Des avantages et des progrès réels avec des inconvénients lourds de menaces pour l'avenir.

Les chauffeurs d'Uber ont déjà commencé à protester et à réclamer statut et protection.

La mode, le "buzz" qui porte l'"ubérisation", pourrait bien vite se retourner.
Avec le recul, des transformations importantes des secteurs concernés pourraient être conduites avec plus d'équité, de considération sociale.

Dans tous les cas, il faut bien se rendre compte qu'il y a urgence de trouver des solutions viables qui ne transforment pas la société en poudrière.

Pour prendre le cas d'Uber, sachons que son prochain projet (et il n'est pas le seul) est de remplacer par des voitures autonomes, ses chauffeurs pour lesquels il se vantait de créer des emplois, . 


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