Sousveillance contre surveillance |
Il consiste à surveiller les systèmes de surveillance et les "surveilleurs".
"Grâce" aux techniques modernes, nous n'avons jamais été autant surveillés, nos données personnelles sont pillées et revendues sans aucun accord ni possibilité de s'y opposer.
La question d'une réflexion et d'une réponse à la hauteur de ces enjeux, n'est-elle pas à l'ordre du jour ?
"Vous ne connaissez pas encore la « sousveillance » ?" demande Philippe Cahen dans un article de La Tribune.
Il donne cette définition : « Sousveiller, c'est observer avec une attention soutenue [à partir de la conception, de l'expérimentation, de la pratique, du vécu] par des acteurs indépendants de liens financiers ou hiérarchiques ».
ONG, associations de consommateurs, GreenPeace, les Robins des Bois, les Anonymous, Amnesty International, les zadistes, Wikileaks, les lanceurs d'alerte luxembourgeois, les auteurs des Panamas papers, Edgar Snowden, Irène Frachon... la liste est longue, hétéroclite et d'origines et d'opinions multiples et variées.
La référence fondatrice passe par Jamais Casio qui parle d'inversion du panoptique de Michel Foucault (Surveiller et punir).
Aux USA, Barack Obama, en application de la sousveillance, a ouvert une plateforme sur le site Recovery.org, sur laquelle est détaillée toute l'utilisation faite de l'argent public
Cette transparence a permis à des internautes de dénoncer, punir et faire arrêter des fraudes et abus importants.
En France, la transparence, trop rare, est presque toujours stérilisée par des interdictions de communiquer sous peine de lourdes condamnations .
Nous sommes le produit |
Et nos données "personnelles" ? !!!
Quand et comment pourra-t-on faire respecter la propriété des données personnelles de chacun ?
Le droit à l'image est un droit opposable limitant l'utilisation de photos qu'on peut prendre de nous.
Et rien pour l'utilisation de nos données personnelles, de nos dossiers médicaux, de nos démarches commerciales, sociales, relationnelles ? !!!
Et rien pour l'utilisation de nos données personnelles, de nos dossiers médicaux, de nos démarches commerciales, sociales, relationnelles ? !!!
La solution ne peut être technique.
La technique est un prétexte évoqué pour justifier, pour cacher, pour invoquer l'impossibilité de faire autrement : bref pour imposer le fatalisme.
Les secrets commerciaux couvrent de plus en plus d'activités en empêchant la sousveillance.
Pourquoi des "secrets personnels et sociaux" ne pourraient-ils pas être mis en place pour protéger la vie individuelle et la vie sociale ?
On objectera que cela favoriserait la délinquance en renforçant son impunité ?
Oui, il faudra à la justice et à la police des moyens d'investigation rigoureusement encadrés par les lois qui doivent protéger les citoyens.
Il faudra aussi limiter les pouvoirs de ce regard de tous sur chacun et de ses dangers.
Mais en établissant un miroir pour réfléchir (je suis très fier de ce jeu de mots), entre la surveillance et la sousveillance, peut-être rétablira-t-on un peu de rééquilibrage démocratique qui manque tant aujourd'hui.
Article suivant : "Exemples de généralisation et diversifications de sousveillance au quotidien"
Article suivant : "Exemples de généralisation et diversifications de sousveillance au quotidien"
-----------------------
Lire aussi :
par Dominique Quessada
Article de Philosophie Magazine n°35 (Hiver 2009) « Nous passons de la surveillance à la “sousveillance” » Trois questions à… Jean-Gabriel Ganascia.
Avec Internet, un nouveau contrôle social se met en place, à la fois plus libéral et plus dangereux. Fabien Trécourt.
Jean-Gabriel Ganascia : VOIR ET POUVOIR : QUI NOUS SURVEILLE ? article d'Alice Billard dans Bulletin Bibliothèque de France qui pose la question des limites de la sousveillance et de l’éthique qu'il faut construire.
La conclusion du livre situe précisément les responsabilités : « Dans le monde de l’infosphère, les politiques sont-ils condamnés à faire indéfiniment la roue et à quêter l’approbation populaire, sans jamais plus se constituer en force de proposition ni agir en pasteurs d’hommes ? »