jeudi 4 août 2016

L'usage de l'écriture par les jeunes ? fréquent objet de sarcasme, mais qu'en connaissons-nous ?

Halte texto
« Kestufé ? Tnaz ? Je V06né A2m'1 » : « Qu'est-ce que tu fais ? Es-tu fatigué ? Je vais au cinéma. À demain ».

(extrait de "Les jeunes bousculent la langue française" - La Croix)

Quel est l'usage de l'écrit par les lycéens ?

Condescendance, mépris, accusations d'illettrisme ou d'incapacité de s'exprimer "correctement", tels sont le plus souvent les jugements à l'emporte-pièce des adultes envers ces messages bizarres, à l'écriture phonétique.

Est-on capable d'aller au-delà de ces préjugés ?


Cette thèse est passionnante, très concrète.
L'écrit papier

Elle fourmille d'exemples et d'observations de terrain passionnants qui font que l'on ne pourra plus, après l'avoir lu, voir les communications d'ados de la même façon.
Dans une émission de Xavier De La Porte, "Place de la toile : la vie écrite des ados" (on peut écouter l'enregistrement ici).,elle détaille la façon dont les jeunes communiquent :

  • les centaines de textos qu'ils s’échangent 
  • les discussions à n'en plus finir autour de ces textos
  • ce qu'ils écrivent dans les réseaux sociaux (et comment ils l'écrivent !)
A l'écoute de cette émission, en plus synthétique que dans sa thèse, Élisabeth Schneider nous fait découvrir et réfléchir sur une réalité tellement méconnue et calomniée :
  • Les jeunes n'ont jamais autant écrit qu'à notre époque
  • ils distinguent clairement l'écrit exigé à l'école et celui qu'ils peuvent se permettre entre eux.
  • mais ces deux pratiques s'influencent aussi l'une l'autre.
    L'écrit normalisé de l'école influence l'écrit des textos, comme celui-ci en retour influence leur écriture papier.
  • les jeunes réfléchissent, pensent et échangent sur leurs modes d'écriture
  • ils se mettent en scène, écrivent et jouent de l'autobiographie
  • ils mettent en débat et partagent leurs écrits comme ils écrivent pour d'autres
En recensant, décrivant, pour nous faire comprendre ces pratiques d'écriture des adolescents, Élisabeth Schneider nous apporte certainement là la clé d'une meilleure compréhension d'une autre façon d'écrire et de communiquer.

Peut-être aussi un passage, et pont, entre des générations qui ne cherchent pas assez souvent à se connaître et à se comprendre.