Ce bouleversement induit bien des révolutions dans les sociétés et dans notre propre cerveau, dans nos priorités, dans nos façons d'agir, dans votre façon de penser et donc d'être.
Privilégier la rapidité, les réflexes se fait-il aux dépens de la réflexion et de la construction des raisonnements ?
Et au final, devenons plus bêtes ou plus intelligents ?
L'époque de la rapidité
Dans son livre "INTERNET, ce qui nous échappe" (Éditions Michel) Coline Tison met désigne "Le temps d'internet" (page 43) comme l'âge de la lumière, de la rapidité, du temps court.Le courant électrique n'allait pas assez vite.
C'est à la vitesse de la lumière que l'information circule dans les fibres.
En même temps, les interactions avec les humains se raccourcissent.
Un message sur Twitter ne dépasse pas les 140 caractères, les vidéos ne doivent pas durer plus de quelques minutes et même quelques secondes: tout se fait dans la brièveté, la hâte (la précipitation ?)
J'écrivais l'article "Internet nous rend de plus en plus bête ?".
Question souvent posée.
Entre autres, Nicolas Car: "Internet rend-il bête ?" décrit le fonctionnement du cerveau de l'homme préhistorique, le chasseur-cueilleur, sur le qui-vive, toujours à l’affût de la nourriture et des dangers.
Il fait l'analogie avec les surfeurs d'Internet qui survolent des articles qu'ils ouvrent à perfusion pour rechercher une information dissimulée, éparpillée difficile à dénicher parmi les milliers d'autres.
Or, depuis des siècles, la culture et l'éducation nous entraînaient à organiser nos pensées avec méthode, le siècle des Lumières a été celui des encyclopédies et de l'organisation des savoirs.
Aujourd'hui, la rapidité prime la réflexion.
N'entendons-nous pas souvent la fameuse "blague": "un imbécile qui court avance mille fois plus vite qu'un intellectuel assis qui réfléchit".
Exemple de stupidité s'il en est puisque les adeptes de cette maxime ne se demandent même pas si le coureur, effectivement imbécile, court dans la bonne direction.
La rapidité est devenue le facteur déterminant de l'Intelligence ?
Avec Internet, le cerveau fonctionnant dans l'instantanéité, la mémoire de long terme n'étant plus sollicitée, comme un muscle s'affaiblit, dépérit.À l'inverse, la réactivité, la rapidité des réflexes se renforce et devient primordiale pour résoudre les problèmes.
En 2009, une expérience réalisée à l'université de Stanford donne des éléments de réponse:
Deux groupes sont constitués.
L'un des surfeurs très expérimentés, l'autre de néophytes.
Le premier groupe de surfeurs aguerris s’est montré bien plus rapide et performant que le deuxième groupe pour retrouver des informations dans un dédale de sites et de liens entremêlés.
Dans un deuxième test, les deux groupes devaient s'exercer au milieu d'autres perturbations, réceptions de textos, coups de téléphone et interruptions diverses.
Surprise !
C'est le deuxième groupe de débutants qui s'en est mieux tiré.
Pourquoi ?
Il semble que le groupe de surfeurs chevronnés, habitués à réagir à n'importe quelle sollicitation s'est montré incapable de se concentrer.
Distraits par les interruptions incessantes, ils ont été incapables de maintenir suffisamment leur attention.
À l'inverse, le groupe des novices a été bien bien performant en démontrant une concentration imperturbable.
La conclusion ?
À mon avis, quand on commence par vouloir définir l'intelligence comme une grandeur unique et unidimensionnelle, on est en pleine mystification.On mesure ce qu'on choisit de mesurer d'une réalité simpliste réduite à un monde à une seule dimension, alors que la réalité est multidimensionnelle, complexe et interactive.
En fait, on cède à une idéologie machiniste, mécanique dans laquelle la machine peut, elle, être mesurée ainsi.
Que des êtres humains devenus plus réactifs, rapides aient perdu leur capacité de concentration, n'est-ce pas logique ?
Que des personnes plus habituées à raisonner soient distancées quand il faut se débrouiller très vite en jonglant avec beaucoup d'informations me semble tout aussi normal.
Ne sommes-nous pas devant des qualités difficiles à développer ensemble, mais d'une utilité très complémentaire ?
N'est-ce pas aussi la complémentarité nécessaire des formations classiques et modernes, des qualités méthodologiques et des capacités d'action, de l'apport de l'organisation et de l'indispensable improvisation ?
Et vous ?
Qu'en pensez-vous ?
Échangeons nos points de vue.
pierre.rene654@gmail.com
Autre article pour aller plus loin sur le sujet: "Est-ce que Google nous rend idiot ?".